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Allô, je suis Jean Zaganiarsi

Mamoun Lahbabi

Pour 

Jean Zaganiaris

-Allô, je suis Jean Zaganiaris, je fais une recherche sur la littérature marocaine…

C’est ainsi, dans la foulée de cet appel téléphonique que Jean et moi avions tissé des liens dont la chaleur ne fut jamais démentie. D’emblée, comme pouvaient l’entreprendre deux complices épris de littérature, nous avions échangé autour de sujets et d’autres avant d’aboutir, à notre insu, à une préoccupation nodale : qu’est-ce que la littérature ?  Fatalement, cette interrogation nous avait conduits à évoquer J P Sartre dont mon correspondant avait une fréquentation assidue révélant chez ce sociologue une large connaissance des sciences sociales dont la littérature, dans son ambition de percer le mystère du genre humain, se nourrit copieusement.

A l’issue de cette longue conversation, nous convînmes alors d’une rencontre qu’il me tardait de concrétiser pour avancer encore un peu, aidé de cet esprit éclairé et généreux, dans la réponse à cette question qui me taraudait depuis mes premiers combats contre la page blanche : Pourquoi écrire ?

Sans nous interdire la critique mutuelle, cette complaisance qui affadit le débat en le dépouillant d’enjeu pour le travestir en coquetterie insipide de salon, notre amitié se renforça au rythme de deux coureurs de fonds impatients de toujours mieux s’immerger dans l’univers flamboyant de la littérature.

Que de projets n’ont-ils pas jailli de cette amitié : rencontres littéraires, chroniques de romans, conférences, création d’un Cercle de Littérature, recueil de nouvelles, Prix littéraire.

Ces partages, cette connivence, cette amitié me manquent. Mais je refuse de sombrer dans la tristesse d’un départ toujours inattendu auquel le vivant est soumis de sa naissance à sa …

Je sais bien qu’il est toujours trop tôt pour mourir aussi bien pour soi-même que pour ceux qui nous aiment ; et je préfère me réjouir d’avoir été son ami et lui le mien. Certes, nos gloutonneries dans le somptueux banquet de la littérature ne seront plus là, et j’éprouverai comme une douleur à l’estomac à l’idée de cette carence.

Je me réjouis aussi de posséder dans ma chétive bibliothèque tous les écrits dont il est l’auteur : romans, chroniques, essais, témoignages, nouvelles.

D’autres projets peuplaient encore son esprit, et en dépit d’une santé fragile minée par un cœur défaillant resté vain à rogner le grand cœur qu’il était, il poursuivait son chemin sans déroger à l’authenticité de l’écrivain soucieux de demeurer le scribe affûté de son temps et le témoin actif de l’évolution humaine.

De là où tu es, Jean, entends-tu les mots de douleur et d’affliction prononcés par tous ceux qui t’ont connu, les proches et les moins proches, ceux qui ont escorté ton parcours en saluant ta passion d’une littérature que tu as si bien enrichie autant par la philosophie que par la sociologie.

Nous nous retrouverons, mon ami, ça n’est qu’une banale affaire de temps. « Rassurez-vous, il n’y aura pas de survivant », disait Aphonse Allais.

Repose en paix.

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