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Comme un fragment d'Ulenspiegel

Philippe Remy-Wilkin

Pour 

Jacques De Decker

Cher Jacques,


Tu m’es apparu, ô magie, en des lieux hors du temps, des Galeries royales au lacis pavé qui effleure la Grand-Place, des bureaux or et parures de l’Académie à ces murs ucclois qui enserrent un fragment d’Ulenspiegel, notre élan commun.

Ces décors dénués de pesanteur ont inscrit nos déambulations dialectiques dans un halo de Noël. Tu m’as dessiné un horizon nouveau, tendant ton pinceau vers des révélations, des appréciations, des intersections. Ton art de vie généreux déclinait le cœur et l’esprit, intégrait et sublimait le compagnon, la compagne jusqu’à les rallier à quelque Toison d’or, une Table ronde. Ton sourire malicieux aux éclats d’âme azurés enlumine désormais mes pages, y voletant comme cette elfe par-delà la tour de Damme.

Qui croirait à la surréalité de notre première soirée, qui déborda dans la nuit, à l’illumination de ces évocations croisées des signes et des convergences ? Ces dernières allaient pourtant légender une suite de journées incandescentes, la mort de ma mère, l’obtention de mon premier prix, un entrelacs de scènes et de vertiges.

L’esprit de nos Lettres t’avait élu pour incarnation et il s’ébat désemparé entre les nues. Mais il est sauf ! Tu seras notre étendard. Ton roman ultime, cette perfection sonore, enchante la voie d’un rapport au monde du créateur, de l’intellectuel et de l’homme. Il sera brandi, éthique et esthétique, il épousera la rumeur du vent et la ligne du grand large.

Comme Thyl, Arthur, Pardaillan ou Corto Maltese, tu n’es pas mort et tu ne peux mourir, un mythe ne meurt jamais, il possède quatre dimensions et l’une d’elles transcende la finitude, tu glisses vers la métaphore et attends, ensommeillé dans quelque Avalon, bel idéal au bois dormant.


© Pablo Garrigos Cucarella

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