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D’Ardenne et de Gaume

Francis Chenot

Pour 

Francis Chenot

Ici, l’épilobe gardien de l’argile ne jette que d’indécises frontières : l’espérance braconne au fond des ravins d’ombre ou dans les sombres cathédrales d’épicéas.


La légende court pieds nus sur la lande et les contrebandiers du bonheur se lèvent tôt qui lisent leur nord au livre des mousses.


Ardenne et Gaume

Celle-ci généreuse qui échancre corsage et veuvage

L’autre qui engrange sous le ciel bas rigueur de seigle

Sœurs pourtant

La plus jeune aux sourires de printemps

L’aînée qui peut offrir parfois, chevelure défaite, de somptueux automnes.


Mais qui se retrouvent confondues dans le lit de l’hiver ou dans l’été des éblouissements d’herbe et de moissons sonores.

Au village, les vieux ont des gestes de velours et des habits de chêne en prolongement des labours (guérets et forêts ne riment que pour la friche).


Ils ont des mots rares et l’économie des images : « trois ans d’une vie pour apprendre à parler, le reste à se taire », disait Jofroi.

Ce n’est qu’aux veillées qu’ils naviguent et leurs seuls chagrins de mer résident dans les petits matins de genièvre, les aventures hauturières sont toujours pour plus tard.


Je vous écris de pays aux silences têtus, de pays qui ne bradent pas le pain et savent la lente patience des sèves et du miel, de pays de très ancienne noblesse, au blason de schiste et de quartz, aux armes de neiges et de feuilles.


Je vous écris de terres sanglières qui gardent mémoire de chaque blessure.


Terres d’accordailles, de semailles et de grisailles.

Ici, toute violette est sauvage.


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