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La ronde du souvenir

Marianne Sluzny

Pour 

Jacques De Decker

Ce 12 avril.

Il y a trois ans.

Jacques De Decker, écrivain, critique, traducteur et infatigable animateur des lettres belges s’en est allé, laissant orphelins la plupart de ceux qui avaient eu le privilège de le connaître.

Ce jour-là, d’avril 2020.

Celui d’un profond abattement, d’affliction et de révolte dont émergeaient, comme au cœur d’une palmeraie dans le désert, des souvenirs lumineux, des perles rares de connivences et d’émotions partagées.

Le lendemain, chose de peu d’intérêt, j’avais un texte à terminer.

Au bout de quelques lignes, j’ai dû m’incliner, vaincue.

J’avais perdu les mots. Ils s’étaient envolés, me laissant aphasique.

Sans voix.

Car je n’aurais plus jamais le plaisir d’entendre celle de Jacques De Decker?

Non, parce que je n’entendrai plus jamais son silence.

Et que, comme tant d’autres, je ne trouverai plus jamais ma place dans ce silence d’Écoute, accompagné de son regard attentif d’homme qui perçoit. Pétillant d’enthousiasme, d’empathie et d’humour ou se faisant perplexe, inquiet, parfois dubitatif, selon les cas.

Oui, tant était dit et bien avant d’être exprimé et donc traduit avec la richesse et la subtilité de ses mots de passeurs. D’une généreuse bienveillance et d’une extrême exigence.

Ouvrant des champs multiples tant il savait son bonheur d’être capable d’incarner plusieurs existences.

De Vivre d’intensité tout en conjurant la mort.

De se dédoubler en restant toujours lui-même.

Comme le montre la magnifique couverture (dessin de Nicolas Vadot) du livre d’hommage: Jacques De Decker, Je vais promener ma truffe, réalisé à l’initiative de sa femme, compagne et +++ Claudia Ritter.



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