Mon cher Michel,

Je réponds vraiment tardivement à ta lettre intemporelle. Tu vois, je la garde coincée dans un de tes livres, L’Être-écrivain – je crois . Et elle ira sans doute se réfugier un jour dans ton Valet de nuit. Ce n’est pas un objet très précieux mais c’est un talisman. Un clin d’œil, manuscrit perdu dans les milliards de tapuscrits qui encombrent les clouds et autres mémoires virtuelles.

Ce minuscule espace demeure la trace d’une infinité de temps. Ce temps dont tu as toujours senti l’essence. Ce temps éternel qui file si vite entre les mains, entre les têtes, entre les mots.

Je t’écris aujourd’hui « Père Michel », n’en prends pas ombrage. Tu préfères « Mère Michel », fondateur de l’Ordre du Mistigri dont tu me fis chevalier, toi Don Quichotte et moi indigne Sancho Panza des chats ?

Et les chats savent caresser le temps, et je crois que tu l’évoques quelque part. Tu me diras où ?

Je t’embrasse et te dis à bientôt,

Didier Bazy