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Nos vies sont faites comme ça

Éric Brucher

Pour 

Jean Zaganiaris

Mon si cher Jean,


Nos vies sont faites comme ça, c’est toi qui l’as dit, toi qui l’as écrit, c’était le titre de ton dernier beau roman que j’ai eu la joie d’accompagner pour les éditions Edern. Mais enfin, nous, on n’imaginait pas un instant que ta vie serait comme cela, si soudainement arrêtée – ni que la nôtre, par répercussion, serait comme ça non plus, chamboulée et bouleversées en ce milieu d’été, arrêtée dans cette relation presque à peine entamée avec toi. Dieu sait où tu te trouves à présent (toi ou ton âme, ton esprit, ta conscience… ?), mais je me réjouissais tant de te rencontrer enfin, lors de ta venue en Belgique, en octobre, après des mois réjouissants d’échanges de mails à l’occasion de l’accompagnement de ton texte. En octobre donc, nous devions parler notamment de ton roman suivant, en cours de travail, que tu pensais terminer en décembre, le deuxième volet d’une trilogie où l’école, la philosophie, l’amour et le football se côtoyaient. J’imagine la peine et la consternation de tous ceux et toutes celles que tu as accompagnées, que ce soit dans tes classes ou sur le terrain, comme coach de football. Nul, dit-on, n’est irremplaçable ; peut-être est-ce vrai dans les fonctions que l’on exerce ; mais ce qu’insuffle un être, a fortiori un professeur de philosophie, ce que provoque et génère comme dynamisme vital une personne auprès de ses semblables est irremplaçable. Je pense à la tristesse immense de tes élèves, à celle de tes footballeuses, je me joins à elles et à eux dans cette très grande affliction. Tu devais être un professeur et entraîneur stimulant et encourageant, enthousiasmant et consolant même, sans doute – et on sait combien les adolescents ont tant besoin de telles personnes. Oh Jean, qu’est-ce que tu nous as fait, là… Tu voulais nous montrer combien tu avais du cœur, que le tien était d’un telle sensibilité et délicatesse à déplier les nœuds de l’amour ? Mais nous le savions, le voyions, notamment dans tes romans : tout de toi manifestait cet amour, il n’était pas nécessaire de pousser la preuve de manière si absolue ! « Qu’est-ce que tu nous as fait là » : ce n’est certes pas un absurde reproche, bien sûr, juste la sidération de la perte de toi ici-bas, la traduction de notre douleur – la mienne, celle de tous tes proches à laquelle je me joins. De là où tu te trouves, et avec ta si grande gentillesse, tu riras peut-être quand même de cet humour un peu bête ; mais c’est vrai, tu étais quelqu’un de si entier, de si total dans le don de toi ! Et oui, je suis triste de devoir reporter notre rencontre à un autre temps – un temps d’éternité – et à un autre lieu – quel que soit le nom qu’on lui donne. Adieu, ami, confrère, frère tout simplement. Adieu, cher Jean.

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