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Pour Jacques

Albert-André Lheureux

Pour 

Jacques De Decker

Jacques,


Tu t’es cherché toute ta vie et tu t’es trouvé en ce dimanche de Pâques du douze avril deux mille vingt.

Tu t’es éclaté-ébloui dans l’Éternité.

Tu t’es laissé partir, doucement, avec ton sourire en coin et tendre, vers cet apaisement que tu cherchais au bout d’une course professionnelle effrénée contre le Temps.

Tu as trouvé enfin la Paix que tu cherchais parfois au milieu de tes flâneries et de ces instants infinis où l’on sent tout son corps vivre, où l’on se perçoit complètement innervé et possédé par la Beauté de la Vie.

Tu as trouvé enfin, l’insouciance naturelle.

Tout un pan de ton existence, tu fus à la recherche de l’Amour parfait et sans limite, fasciné et conquis, dès tes premiers émois, par la totalité des signes de l’esprit et du corps féminins, de leur intelligence instinctive lumineuse.

Nous avons été lancés, toi comme moi, lion-scorpion et lion-gémeau, dans une vie d’éblouissements, grâce au Livre, au Spectacle, à notre passion commune du jeu de la parole, de l’intransigeance, et de l’idéalisme.

Notre mental a été initié par nos parents, deux pères-artistes jusqu’au bout des doigts, deux mères dévouées et fortes, nous élevant dans la volonté permanente du jusqu’au-boutisme, de l’honnêteté intégrale en même temps que de la Liberté de pensée.

Rechercher un sens à nos vies, et nous rendre utiles, rester indépendants ont été nos règles de conduite depuis les bancs de l’Athénée de Schaerbeek où nous avons appris tout ce qui fait la différence : l’esprit critique notamment et une certitude du goût (même si nous avons dû souvent nous tromper).

Tout se forge dans la jeunesse au contact de maîtres ouverts à la création comme André Delvaux, Jo Delahaut, Paul Delsemme, Frantz François, et tant d’autres professeurs, qui ont porté en toute indépendance chacun leur pierre à notre formation d’étudiants et d’êtres humains.

La chance nous a placé dans une époque de Culture en pleine explosion, nous a fait des enfants du demi-vingtième siècle, dans un Bruxelles et une Belgique qui nous ont enthousiasmés entre Hergé, Brel, Béjart…

Cette école exceptionnelle de la rue Ernest Renan a complètement piloté nos choix de vies et façonné notre mental dans l’esprit de la découverte et de la recherche artistiques.

La fin de l’Enfance, l’Adolescence, nous les avons vécues ensemble, dans la même classe de section gréco-latine.

Cet apprentissage nous a permis de nous pétrir à la fois d’émotion et de rigueur.

Merci la Vie.

Merci à toi, à ton rêve éveillé jusqu’à nos dernières nombreuses conversations de mars 2020.

Car rien ne bouge depuis l’adolescence, et surtout pas l’enthousiasme et l’Amitié.

Vive l’Avenir,

et la Jeunesse.


 

Rencontre aux Riches-Claires



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