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Quelques semaines avant moi

Guy Stuckens

Pour 

Francis Dannemark

Francis Dannemark est né quelques semaines avant moi.

À l’IND, il était en section « latine » et moi en « moderne », je le croisais donc à la cour de récréation.

Nous aurions pu avoir cours ensemble, après les trois premières années de ce qu’on appelait encore les « humanités », mais il a changé d’école. J’avais parfois des nouvelles de lui via sa sœur, ou alors on se voyait lors des soirées dansantes organisées par les nombreuses troupes scoutes anderlechtoises, généralement rue Paloke, dans la salle en-dessous de l’église.

C’est Guy De Greef qui assurait la liaison avec Francis. À la cour de récréation, il nous faisait lire ses micro-publications, auxquelles il collaborait, et qui allaient nous amener à la Vigie des minuits polaires … Tout cela m’a encouragé à publier mes propres plaquettes de textes poétiques.


En 1980 déjà, le Centre d’Étude et d’Animation littéraire, basé à Bruxelles, publie une boite, dont la couverture est illustrée par Philippe Geluck, contenant une cassette et un livret : Six poètes 1 (je n’ai jamais vu le numéro 2). La cassette comprend des morceaux d’interviews et des lectures de leurs poèmes par les auteurs et par Alexandre Von Sivers ou Claudine Laroche. Francis Dannemark y côtoie Werner Lambersy, Jacques Crickillon, Madeleine Van Oudenhove, Serge Meurant et William Cliff. En 2019, j’en ferai une émission diffusée dans le cadre des Rencontre littéraires de Radio Air Libre.

Le 21 décembre 1983, j’achète La nuit est la dernière image, son second roman, publié chez Robert Laffont et dont le bandeau bleu indique « Au point de rencontre imaginaire de Fitzgerald et de Marguerite Duras » ! Premier roman de Francis que je lirai et mon préféré.


Au début des années 1980, le Centre culturel d’Anderlecht somnole sous l’indolence d’un conseil d’administration qui applique le principe « faisons-en le moins possible, comme ça on ne risque pas de mal faire ». Une seule animatrice -Bernadette Harcq- s’active à fédérer les associations culturelles anderlechtoises dans le but de faire changer les choses ; ça prendra du temps, mais elle y arrivera …

Profitant de cette situation, Christian Leblicq s’approprie -on le lui reprochera- le bâtiment occupé par le centre, avenue de Scheut, et en fait la résidence de son association Hypothésart. L’idée est de mettre en valeur, sous forme de spectacle « total », l’œuvre d’écrivains francophones de Belgique : Jacques Izoart, Jacques Crickillion, … Un artiste comme Xavier Rijs s’occupe des décors et un soin particulier est mis au niveau des éclairages et du décor sonore. Ainsi, en 1984, Hypothésart propose « La dernière image d’un film rêvé », basé sur les œuvres de Francis Dannemark.


Au début des années 1990, les choses vont mieux. Une équipe de 4-5 personnes animent le Centre culturel, dont Martine Verreycken qui, en mai 1991, y organise « un voyage avec l’écrivain » qui comprend aussi un volet radiophonique, intitulé « Choses qu’on dit la nuit au bout de la bande FM » : une lecture-relai de l’intégrale de l’œuvre (romans et poésie) de Francis sur Radio Air Libre, une activité dans laquelle je me suis fort impliqué, puisque j’ai coordonné la partie radio. Des dizaines de personnes, dont l’auteur, vont se relayer sur antenne pour y lire tous ses romans et toute sa poésie (publiée). « De midi à l’aube » annonce l’invitation – en fait, il a fallu y ajouter quelques heures dans la matinée …


En 1995, Francis Dannemark devient directeur du Centre culturel d’Anderlecht. Il le restera jusqu’en 1999. Il succède à Daniel Simon, également écrivain et homme de théâtre, et qui renforce l’engagement « littéraire » du Centre.

Par la suite, je reverrai encore Francis à l’une ou l’autre occasion. Lors d’une présentation de livres parus au Castor Astral (dont « Irina Poignet » de Philippe Blasband) ou une foire aux livres francophones belges au Centre culturel d’Uccle …


Terminons par ce petit texte que je postais à Francis, sur Facebook, le 20 mai 2015, pour notre soixantième anniversaire :


TROISIÈME ÂGE


Cette année, on va devoir changer de lait …


Il y a bien longtemps que nous sommes passés du lait « 1er âge »,

au second …

Celui de la vie entière,

des amours,

des folies,

des choses sérieuses aussi …

À présent : 3ème âge ;

un peu de lait dans le café

un peu de sucre aussi …

Et quoi comme lecture avec le café ?

Journal, roman, poésie ? Au choix …


Guy Stuckens, 19/7/2022.

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