Rencontres à Auxerre
Françoise Duvernier
Pour
Michel Host
Que sera mémoire des morts
Qu’elle ne soit chez les vivants
Assez cruelle
Pour que leurs cendres en frémissent soudain.
Extrait du Poème d’Hiroshima
Nous avons reçu Michel Host à plusieurs reprises à la bibliothèque municipale d’Auxerre quand j’en étais la conservateure, en collaboration avec les éditions Rhubarbe et Alain Kewes qui en est le fondateur et qui avait déjà édité un roman de Michel. Notre public était plutôt celui des adultes, les thèmes étaient la création littéraire, la présentation d’un nouveau roman…plusieurs autres écrivains avaient été nos invités.
À l’occasion d’un Printemps des Poètes, nous avons proposé à Michel de sortir des murs de la bibliothèque pour rencontrer un public jeune, celui des étudiants auxerrois, sur une proposition de la documentaliste de l’IUT spécialisé en techniques de communication. Nous étions à peu près sûrs qu’il serait d’accord, lui qui avait tant aimé l’enseignement et la transmission. Et parler de poésie devait finir de le convaincre tant cette écriture lui était chère. Il semble me souvenir que c’est Michel lui-même qui a choisi de travailler sur le Poème d’Hiroshima, terrible et magnifique.
Loin de l’intimité de notre petit auditorium, c’est donc dans l’amphithéâtre de l’IUT que Michel a découvert le travail réalisé par plusieurs classes et leurs professeurs. Pour la plupart des étudiants, c’était aussi la première fois qu’ils rencontraient un « auteur vivant », ce qui ne les a finalement pas trop intimidés.
Ils avaient choisi de commencer par des lectures à plusieurs voix du texte, certains la gorge serrée, tous émus.
Ils avaient découvert autrement un pan d’histoire mondiale, qu’ils connaissaient peu, en tous cas très mal et ils étaient bouleversés. Le choix de l’écriture poétique pour rendre compte de l’horreur les interrogeait beaucoup. Les raisons qui amenaient Michel à témoigner aussi. Il y eut beaucoup de questions, des échanges chaleureux, la réunion s’est prolongée avec des moments plus personnels. Ce jour-là il y avait eu une vraie rencontre entre un public et un auteur, j’espère que beaucoup de ces jeunes gens en ont gardé le souvenir, pour ma part c’est celui d’une belle journée émouvante comme on aimerait en conserver davantage dans une carrière de bibliothécaire.
Par la suite nous avons eu l’occasion de reparler souvent de ce Printemps des poètes exceptionnel parmi bien d’autres…
Bien longtemps après nous avons accompagné Michel au cimetière de Pimelles, une cérémonie simple et touchante, comme le souhaitaient Danièle et Ysé. Un beau jour ensoleillé, un dernier souvenir de Michel qui était notre ami.