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Rio Di Maria

Claude Donnay

Pour 

Rio Di Maria

J’ai fait la connaissance de Rio au début des années 90 à Ombret, où Mimy Kinet m’avait emmenée pour une soirée lecture. Je pense que c’était André Doms qui présentait un recueil d’un poète que je ne connaissais pas. J’étais impressionné par l’assistance: les deux Francis, Tessa et Chenot, surtout “le Chenot” avec son allure de bûcheron bougon.

Et puis au milieu du grenier, devant la scène, un homme aux cheveux noirs, un cigarillo vissé entre les lèvres, Rio Di Maria, occupé à filmer la séance.

C’est lui qui est venu vers moi, lui qui m’a parlé le premier, avec un petit rire. Si gentil, si humble, si chaleureux. Il m’a tendu la main et je suis entré dans L’Arbre à paroles. Nous sommes devenus amis sans l’avoir cherché.

En 1995, il a filmé la présentation de mon premier recueil, “L’arpenteur des steppes à pommes” et puis les autres qui ont suivi.

Nous parlions souvent de poésie mais aussi de pâtes, de bières et de tout ce qui fait la vie. Rio pouvait être intarissable et son humour était contagieux. Jamais je ne me suis ennuyé en sa compagnie. Plus tard c’est au Marché de la Poésie de Paris que nous avons partagé de bons moments au stand des éditions L’arbre à paroles. La génération Tessa — Chenot avait cédé la place à la jeunesse, à David Giannoni, mais l’inamovible Rio était toujours sur le pont.

Avec les années, je me suis beaucoup rapproché de lui, et encore plus quand les éditions Bleu d’Encre ont pris leur envol. Rio m’envoyait des dessins pour la revue, plus encore que des textes. Sa manière de dessiner la vie m’a toujours surpris, il avait le don de rendre les choses avec un regard à la fois acéré et plein de merveilleux.

On ne peut séparer le poète du dessinateur et de l’homme qu’il était. De ses fils, je connais surtout Fabian, qui a lui aussi cette dimension humaine et magique que possédait Rio. Cette flamme, cette pétillance du regard et cette chaleur fraternelle.

Il m’arrive tout le temps de penser à Rio, comme s’il faisait partie de ma famille. Il surgit devant moi au détour d’une rue, il m’attend à l’arrêt du bus, et il m’est bien sûr impossible de mettre un pied sur la place Saint-Sulpice à Paris sans un serrement de cœur. Que de bons moments nous avons passé au Marché…

C’est ce souvenir que je veux garder, que je garde, de mon ami Rio Di Maria, et je relis souvent ses recueils, qui le contiennent en entier.

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