
Tournez dans le ciel noir
Eric Brogniet
Pour
Jacques Crickillon

(©Marianne Grimont)
Tournez dans le ciel noir…
à Jacques et Ferry Crickillon
Je te salue poète des fonderies mortes
Et de la Grande Babylone, dans les pentes et les moraines
Du langage ébloui de crevasses et de chutes vertigineuses
Projetant ses éclats en gouttes pulvérisées sur la roche
Je te salue de la Place Jamaa el Fnaa et depuis les pistes ocre
Dans le haut chaos des incendies d’amour
Indien des grandes métropoles mortes et des glaciers de l’Engadine
Passeur birman des solitudes conquises
Parce qu’un mot qui n’est pas un risque n’est qu’une tache
Et que cela chaque matin ouvre et referme une porte aussi
Je te salue poète aux semelles de vent parce que la main à plume
Vaut la main à charrue et que tu n’as jamais voulu ta main
Parce qu’il convient de lutter contre les dégoûtations
Des paradis climatisés de New Auschwitz
Et qu’il importe sous peine de se perdre définitivement
De trouver le lieu et la formule
Fût-ce dans d’atroces marches et l’interminable désert
Fût-ce dans les établissements thermaux de l’orage
Et je ne sais quels parages de paratonnerres
Où le coeur parle aux nuées
Eric Brogniet
Extrait de :
Radical Machines
2017
© Marianne Grimont