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Un cocktail en 1998

Vincent Engel

Pour 

Frédérick Tristan




Je ne sais plus exactement quand ni comment j’ai rencontré Frédérick Tristan. C’était plus au moins en 1993. Le point de départ – de cela, je suis certain – a été la lecture des Égarés, un roman qui m’a émerveillé parce qu’il était extraordinairement… romanesque.

Durant mes études de lettres, j’avais été gavé de structuralisme, d’auteurs minimalistes hyper-intellectuels, de dandys postmodernes. J’avais aussi travaillé sur Elie Wiesel et la littérature des camps, j’adorais Albert Camus, Romain Gary et François Mauriac, pour des raisons différentes : Camus pour sa rigueur morale, son engagement sans faille, sa cohérence politique et son style magnifique de simplicité (preuve d’un travail énorme) ; Gary pour son baroque foisonnant, sa capacité à se coltiner avec le siècle et le réel, son rire pantagruélique ; Mauriac pour sa pénétration des âmes, ses huis clos impitoyables. Frédérick Tristan était tout cela à la fois, sans oublier tout le reste qui n’appartient qu’à lui.

Il est très probable que mon ami Jean Claude Bologne a été l’artisan de cette rencontre, peut-être dès 1993, lorsque j’ai monté le projet de L’Année Nouvelle, au recueil duquel Frédérick a collaboré.


Nous nous étions en tout cas retrouvés lors de cette fête, organisée chez Frédérick le 1er juin 1998 pour célébrer les 50 ans d’édition. Il y avait là la fine fleur de la Nouvelle Fiction. C’était joyeux et ma fille, Audrey, a savouré le saucisson…


Frédérick m’a fait rencontrer Marc Petit, grâce à qui, l’année suivante, mon roman Oubliez Adam Weinberger, achevé presque dix ans plus tôt et soumis, en vain, à tous les éditeurs de France et de Navarre, a été accepté par Claude Durand, chez Fayard.


L’œuvre de Frédérick revient souvent sur l’importance des rencontres ; sans doute est-ce la source des plus grandes joies de l’existence. En rencontrant Frédérick Tristan, j’ai compris que je pouvais oser le romanesque. Et j’ai trouvé en lui l’incarnation de mon personnage immortel, qui traverse presque tous mes romans : Asmodée Edern. Après tout, notre ami n’est plus à un masque et à pseudonyme près…

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