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Une anecdote

Michel Lisse

Pour 

Jean-Luc Nancy

Cécile Hayez et moi-même avions organisé un colloque, Le contretemporain poétique, en 2003 dans lequel Jean-Luc Nancy avait aimablement accepté d’intervenir. Jacques Derrida, dont nous partagions l’amitié, m’avait entretenu des problèmes de santé de Jean-Luc, consécutifs à sa transplantation cardiaque. Peut-être le portrait brossé avait-il été par trop inquiétant ou l’avais-je reçu en le dramatisant ? À moins qu’au contraire tout fut-il juste ? Toujours est-il que j’imaginais que Jean-Luc Nancy, arrivé dans l’après-midi la veille du colloque, allait s’installer dans sa chambre d’hôtel, se limiter à boire de l’eau et manger un repas très frugal (un bol de riz). Je lui ai néanmoins proposé de participer au repas du soir qui réunissait les organisateurs et quelques intervenants. À ma grande surprise, il accepta. Au restaurant, comme je l’invitais à choisir une boisson, il me demanda des informations sur… les bières belges à la carte. La Duvel le séduisit (déconstruction du christianisme oblige, peut-être ?) et il la dégusta avec plaisir. Alors qu’il ne restait que quelques gouttes au fond du verre, il me dit soudain : « je viens de me souvenir que je ne peux pas boire de bière ! » Je supposais devoir le conduire aux urgences, mais mon angoisse a rapidement disparu quand j’ai vu Jean-Luc profiter du repas et boire un ou deux verres de vin (au moins).

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