top of page

Daniel Fano

Daniel Simon

Responsable de la page :

11 juin 1947

Jemelle (Belgique)

29 octobre 2019

Bruxelles (Belgique)

72

ans

Belgique

Contributions

Présentation

Insaisissable Fano

“Allô c’est Fano”… C’était sa façon de répondre et d’appeler, comme si ce nom (qui était aussi un pseudonyme) l’éloignait de lui, le mettait hors d’atteinte. Fano était un amoureux, un lecteur infini, un écrivain dans l’invention permanente de la fiction. Il a animé des revues ou collaboré activement… (Alice, 64_pages, Le Café des fées…)


Né en 1947, il a vite pratiqué une écriture singulière héritière de la modernité allemande et américaine et fut très vite soutenue par Dominique de Roux, Joyce Mansour et Henri Michaux. Il fait alors trente-six petits métiers dans le domaine de l’édition pour vivre à Paris, puis un jour rentre à Bruxelles et participe comme initiateur ou comme complice aux nombreuses aventures littéraires et intellectuelles des années 1960-1970 qui furent particulièrement fécondes sur le plan des éditions d’avant-garde et des revues littéraires.


Devenu soudain un “écrivain culte” (ce qui évidemment le faisait sourire et n’était pas sans le laisser songeur) à l’époque de sa participation à l’anthologie Nouvelle poésie française de Bernard Delvaille (1974), il savait qu’on le reconnaissait plus dans les cercles d’avant-garde de Paris, Nice, Bordeaux ou New York qu’à Bruxelles ou en Belgique malgré la ferveur et le soutien des éditeurs belges qui lui ont fait confiance tout au long de sa vie littéraire…


Daniel Fano était insaisissable et tellement préoccupé par la précision et la netteté intellectuelles de ses recherches et de ses publications qu’il était aussi… un relecteur et un correcteur exceptionnel! Il est devenu très vite un observateur extrêmement critique de notre monde et sa lucidité ne l’autorisait jamais à confondre histoire et idéologie. Cette exigence le porta aussi à animer des collections chez plusieurs éditeurs.


Il gardait au cœur la plus grande admiration pour celles et ceux qui avaient participé à la résistance au nazisme et ses parents étaient de ceux-là. Son dernier livre en cours leur était consacré.


Journaliste, il a profondément marqué les journaux et revues où il a exercé son talent de découvreur et de révélateur des expressions artistiques et sociétales du temps. Il a aussi vite compris l’importance du renouveau de la littérature la jeunesse, du théâtre jeune public et a publié à ce propos de nombreux articles et plusieurs livres majeurs sur le sujet. Fano avait cette capacité double: révéler et éclairer. Dès lors, il développa ses talents de vulgarisation à la télévision et dans maintes collaborations.


Fano était discret et ne croyait pas au succès facile. La notoriété était une vision de l’esprit. C’était comme ça, il le savait et ne cessait pour autant de préparer la matière des livres à venir. Quelques semaines avant son décès, il disait, lors d’une conversation: “On a fait tout ce qu’on a pu et c’est assez comme ça.”


Il parlait évidemment d’une génération, de certains mouvements et de l’énergie qu’il avait fallu pour ouvrir les portes des institutions culturelles, mais il soulignait également quelle énergie les nouvelles générations allaient devoir déployer pour que ces mêmes Institutions ne se referment pas dans la discrétion des bienséances de tribus.


Fano était un explorateur et un homme de paix. Nous l’aimions tant.


Daniel Simon

Présentation
contributions
bottom of page